mardi 12 janvier 2010

Sortir de l'Histoire

Allons-nous enfin comprendre, en Europe, ce qu'implique le risque de sortir de l'Histoire? Chacun devrait désormais réaliser que la menace est là, bien tangible. Et de nombreux événements des dernières semaines (l’exclusion des Européens de la négociation finale du sommet de Copenhague, le rachat de Volvo par une firme chinoise, le premier marché public d’infrastructure en Europe ( une portion d’autoroute en Pologne) remporté par une entreprise chinoise, le marché de centrales nucléaires à Abu Dhabi emporté par les Coréens) confirment la matérialisation de ce que certains prédisent depuis plus de 30 ans: le centre du monde bascule de l’Atlantique au Pacifique.

Malgré ces évidences, les gouvernants européens semblent ne pas s’inquiéter ; ils se complaisent dans cette situation, sans s’alarmer, en se concentrant sur d’interminables disputes de procédures et de protocoles, signes imparables de déclin, tels que l’ont vécu, jusqu’au ridicule, les ultimes dynasties égyptiennes, babyloniennes, perses, grecques, chinoises, l'empire romain d'occident puis celui d'orient, puis notre Ancien Régime.

Mais réalise- t-on vraiment, en Europe, ce qu'implique sortir ainsi de l'Histoire?

Pour beaucoup, il ne faut pas s’en inquiéter, parce que, pensent-ils, c'est un destin heureux : une promesse de vivre hors des tragédies du temps, à l'abri des responsabilités, des conflits, des obligations militaires. De fait, la sortie de l'Histoire est souvent, pour un peuple, le moment d'une brève flamboyance artistique, dont les peuples industrieux n'ont pas le loisir de se préoccuper.

Mais, en réalité, sortir de l’Histoire, c’est bien autre chose : C’est d’abord perdre ses principaux marchés ; c’est voir ses entreprises les plus compétitives devenir des cibles de rachat ou être copiées et sauvagement concurrencées, c'est voir partir ses centres de décision et ses élites ; c’est ne plus être un acteur des grands événements du monde, même de ceux qui détermine son propre avenir ; c’est enfin ne plus être capable de maintenir le niveau de vie de ses classes moyennes, sauf, pour un temps, et à crédit. De tout temps, en tout lieu, la sortie de l'histoire s'accompagne même de terribles soubresauts politiques: recherche de boucs émissaires, dénonciation des élites, replis sur des idéologies simplistes et rassurantes, séparatistes et guerres civiles.

L'Europe a déjà vécu cela. A huit reprises, au cours du dernier millénaire, une puissance européenne dominante est sortie de l’Histoire, d’abord remplacée au sommet par une autre, puis, quand, au 20ème siècle, la direction de l’histoire du monde est devenue américaine, l’Europe a su, après cinquante ans d’ultimes rivalités meurtrières, unir ses forces, et tenir encore son rang. Aujourd'hui, elle est de nouveau menacée, cette fois en bloc. Si elle ne prend pas les devants, si elle ne prend pas conscience du danger, si elle ne s’unit pas autour d’une même volonté de travailler, et d’inventer une nouvelle facon de produire et de vivre ensemble, ce sera la fin. A jamais.

Encore faudrait il que se lèvent, des hommes et des femmes d'Etat, lucides, courageux, compétents et convaincants, imprécateurs et guides à la fois, et qu’ils montrent l'étroit chemin.

Le Programme spatial indien

Tandis que la politique europeene et americaine prone une decroissance mondiale
et une auterite sociale, des pays comme l'Inde prennent le leadership de
la civilisation.

Il est important de preciser que ce qui est desire par cette nations ce n'est pas le comfort de nos democraties basee sur le modele de Aldous Huxley, mais reelement un objectif de faire aboutir la civilisation qui il y a plus de 5000 ans c'est developpe sur les bords du fleuve indus.

Eric Le Boucher: Copenhague n'est surtout pas un échec

Sunday, 20 December 2009

L'accord a minima trouvé samedi 19 décembre à la conférence de Copenhague sur le climat, où l'échec total a été évité in extremis, illustre l'affaiblissement du processus fondé sur l'unanimité et pourrait présager de celui de l'Onu. Les négociations ayant abouti au dit «Accord de Copenhague» n'ont en fait impliquées qu'une vingtaine de pays, dont cinq ont véritablement mené les tractations décisives: Etats-Unis, Brésil, Chine, Inde et Afrique du Sud. L'Europe a brillé par son absence au moment crucial.
Le texte final enfin n'a aucun caractère contraignant et chaque Etat a loisir d'y souscrire ou non, sortant ainsi du cadre collectif de la Convention des Nations unies sur le climat.

Ceux qui annonçaient l'impasse du processus de Copenhague ont eu raison. Ceux qui disaient que l'Europe à vouloir imposer des «restrictions» faisait fausse route, ont eu raison. Ceux qui plaidaient dans le désert pour d'autres méthodes ont eu raison. Ceux qui disaient que l'écologie ne peut pas se faire «contre» l'économie ont eu raison.

Le bilan est clair. L'accord de Copenhague n'est pas un échec, contrairement aux trémolos entendus partout. C'est pas si mal d'avoir un engagement de tous les pays, fut-il, sans contrainte. Franchement, Etats-Unis et Chine auraient bien pu claquer la porte d'une conférence si mal fichue, et ils on failli le faire. Qu'ils soient restés quand même montre qu'ils sont prêts à faire quelque chose pour le climat, c'est très positif. Mais évidemment pas ce que leur demandaient les zozos européens.

Le bilan signe en effet la défaite des Européens, des scientifiques du GIEC et la prise de pouvoir du G2 (Etats-Unis et Chine), là aussi. L'accord final a été négocié par Obama et Wen, puis ils ont été rejoints par Lula, Singh et le sud-africain Zuma. Voilà le pouvoir du XXIème siècle, sans les Européens qui, eux, jouaient avec le système onusien. Au moins Nicolas Sarkozy a-t-il reconnu la vérité: il faut changer les façons de faire. Le beau bastringue type ONU, type «Grenelle de l'environnement», type «mettons nous autour de la table du consensus», type «tout le monde il est gentil vert», a lamentablement échoué. On n'impose pas des restrictions homothétiques, on ne fait pas comme Jean-Louis Borloo des fausses promesses «le nord paiera 600 milliards pour le sud», on comprend que toutes les nations ne sont pas comme les nôtres, riches, vieilles, repues, adeptes de la décroissance. Non, au sud on veut des usines, du chauffage et des voitures!

Il faut inventer autre chose

La victoire d'Obama et Wen, c'est la remise de l'économie au dessus de l'écologie, ou plus exactement l'émergence de l'idée que la solution ne peut que venir du mariage des deux. La clé c'est l'abandon de l'esprit de Kyoto, imposé par le malthusianisme européen, c'est la recherche d'une autre croissance, celle rendue possible par les sciences et les technologies. Ce qu'auraient du demander les mouvements écologistes depuis le début, c'est un effort mondial gigantesque de recherche-développement. Ils ont fait perdre quinze ans à leur cause en essayant de nous conduire sur la voie du rationnement et de la repentance. Imposer un enfer aux millions de banlieusards de Paris en leur restreignant l'usage de leur voiture est possible chez nous. Les conducteurs d'Ivry et de Maisons Lafitte endurent parce qu'on leur a donné mauvaise conscience en les accusant de salir la planète des enfants. Mais à Copenhague, Chinois, Indiens et Américains viennent de dire non. Nettement non. Faites çà chez vous, si vous voulez allez à pied, mais pour nous c'est justement fini, «non merci». Il nous faut des solutions alternatives.

Les recherches-développements [2] sont aujourd'hui très insuffisantes: l'environnement de compte que pour 2,5% des brevets déposés dans le monde. Voilà le vrai drame de la planète et le reproche qu'on peu faire à Copenhague c'est de n'avoir pas dit un mot sur le besoin d'accélération de la R&D dans l'accord final! Chinois et Américains ont encore du travail...

Copenhague un échec? Mais non, quand on constate piteux qu'on allait dans l'impasse c'est le début du succès. Il faut maintenant que d'autres scientifiques, technologues, inventeurs, chef d'entreprises et financiers s'emparent du sujet. Vive la nouvelle croissance née, un 18 décembre, à Copenhague!

Eric Le Boucher