mardi 12 janvier 2010

Eric Le Boucher: Copenhague n'est surtout pas un échec

Sunday, 20 December 2009

L'accord a minima trouvé samedi 19 décembre à la conférence de Copenhague sur le climat, où l'échec total a été évité in extremis, illustre l'affaiblissement du processus fondé sur l'unanimité et pourrait présager de celui de l'Onu. Les négociations ayant abouti au dit «Accord de Copenhague» n'ont en fait impliquées qu'une vingtaine de pays, dont cinq ont véritablement mené les tractations décisives: Etats-Unis, Brésil, Chine, Inde et Afrique du Sud. L'Europe a brillé par son absence au moment crucial.
Le texte final enfin n'a aucun caractère contraignant et chaque Etat a loisir d'y souscrire ou non, sortant ainsi du cadre collectif de la Convention des Nations unies sur le climat.

Ceux qui annonçaient l'impasse du processus de Copenhague ont eu raison. Ceux qui disaient que l'Europe à vouloir imposer des «restrictions» faisait fausse route, ont eu raison. Ceux qui plaidaient dans le désert pour d'autres méthodes ont eu raison. Ceux qui disaient que l'écologie ne peut pas se faire «contre» l'économie ont eu raison.

Le bilan est clair. L'accord de Copenhague n'est pas un échec, contrairement aux trémolos entendus partout. C'est pas si mal d'avoir un engagement de tous les pays, fut-il, sans contrainte. Franchement, Etats-Unis et Chine auraient bien pu claquer la porte d'une conférence si mal fichue, et ils on failli le faire. Qu'ils soient restés quand même montre qu'ils sont prêts à faire quelque chose pour le climat, c'est très positif. Mais évidemment pas ce que leur demandaient les zozos européens.

Le bilan signe en effet la défaite des Européens, des scientifiques du GIEC et la prise de pouvoir du G2 (Etats-Unis et Chine), là aussi. L'accord final a été négocié par Obama et Wen, puis ils ont été rejoints par Lula, Singh et le sud-africain Zuma. Voilà le pouvoir du XXIème siècle, sans les Européens qui, eux, jouaient avec le système onusien. Au moins Nicolas Sarkozy a-t-il reconnu la vérité: il faut changer les façons de faire. Le beau bastringue type ONU, type «Grenelle de l'environnement», type «mettons nous autour de la table du consensus», type «tout le monde il est gentil vert», a lamentablement échoué. On n'impose pas des restrictions homothétiques, on ne fait pas comme Jean-Louis Borloo des fausses promesses «le nord paiera 600 milliards pour le sud», on comprend que toutes les nations ne sont pas comme les nôtres, riches, vieilles, repues, adeptes de la décroissance. Non, au sud on veut des usines, du chauffage et des voitures!

Il faut inventer autre chose

La victoire d'Obama et Wen, c'est la remise de l'économie au dessus de l'écologie, ou plus exactement l'émergence de l'idée que la solution ne peut que venir du mariage des deux. La clé c'est l'abandon de l'esprit de Kyoto, imposé par le malthusianisme européen, c'est la recherche d'une autre croissance, celle rendue possible par les sciences et les technologies. Ce qu'auraient du demander les mouvements écologistes depuis le début, c'est un effort mondial gigantesque de recherche-développement. Ils ont fait perdre quinze ans à leur cause en essayant de nous conduire sur la voie du rationnement et de la repentance. Imposer un enfer aux millions de banlieusards de Paris en leur restreignant l'usage de leur voiture est possible chez nous. Les conducteurs d'Ivry et de Maisons Lafitte endurent parce qu'on leur a donné mauvaise conscience en les accusant de salir la planète des enfants. Mais à Copenhague, Chinois, Indiens et Américains viennent de dire non. Nettement non. Faites çà chez vous, si vous voulez allez à pied, mais pour nous c'est justement fini, «non merci». Il nous faut des solutions alternatives.

Les recherches-développements [2] sont aujourd'hui très insuffisantes: l'environnement de compte que pour 2,5% des brevets déposés dans le monde. Voilà le vrai drame de la planète et le reproche qu'on peu faire à Copenhague c'est de n'avoir pas dit un mot sur le besoin d'accélération de la R&D dans l'accord final! Chinois et Américains ont encore du travail...

Copenhague un échec? Mais non, quand on constate piteux qu'on allait dans l'impasse c'est le début du succès. Il faut maintenant que d'autres scientifiques, technologues, inventeurs, chef d'entreprises et financiers s'emparent du sujet. Vive la nouvelle croissance née, un 18 décembre, à Copenhague!

Eric Le Boucher

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